Le dictionnaire bilingue, en tant qu’instrument qui met en contact deux langues dans le but de permettre ou du moins de faciliter le passage de l’une à l’autre, est par définition un objet de médiation linguistique et culturelle. Il relève du schéma classique de la communication avec un émetteur, le lexicographe, un récepteur, l’utilisateur, et le message, l’article de dictionnaire (Fourment-Berni Canani 2003: 72), qui fait fonction de médiateur entre deux langues-cultures. Les particularités d’une culture, tant sur le plan matériel que sur le plan abstrait, sont en fait incarnées par des signes lexicaux différents (mots, syntagmes, locutions, etc.). Ces signes peuvent s’organiser inégalement au sein de la même langue selon l’extension de son lexique. L’article du dictionnaire bilingue opère d’abord une médiation lexicale parce qu’il sélectionne la part de lexique utile qu’il faudra présenter comme mot-entrée de la nomenclature, en fonction des multiples besoins des utilisateurs (apprentissage, décodage ou encodage, traduction générale, spécialisée). En outre, à chaque concept, à chaque classe de référents ne peut pas toujours correspondre dans une autre langue un signe lexical adéquat. Chaque langue découpe d’une certaine façon ses réseaux sémantiques. Aux différentes acceptions d’un mot de la langue source ne coïncidera pas toujours un seul équivalent traductionnel dans la langue cible. L’article bilingue, par le biais d’un métalangage spécifique, devient le lieu où s’opère aussi une médiation sémantique, pour que les différents sens du mot-entrée soient associés correctement à leur correspondant dénotatif et, si possible, connotatif. En plus de leurs propriétés sémantiques, les signes lexicaux possèdent aussi des propriétés syntaxiques et pragmatiques, qui, elles aussi, varient dans chaque système linguistique. La forme du dictionnaire bilingue est en contradiction complète avec la conception de ce que la traduction devrait être: “non pas une transposition mot à mot mais une équivalence au niveau de l’énoncé, à savoir du texte” (Fourment-Berni Canani 2003: 73). Cependant, l’évolution de la lexicographie permet de plus en plus de résoudre ce paradoxe: grâce à l’introduction de nouveaux éléments microstructurels, l’article bilingue réussit à tenir compte de l’usage pour la quasi-totalité du vocabulaire en cause et à opérer aussi de la sorte, dans le passage d’une langue à l’autre, une médiation pragmatique. Les signes linguistiques sont si étroitement liés à leur culture d’appartenance que l’anisomorphisme des structures linguistiques (lexicales, sémantiques, syntaxiques) de deux langues correspond aussi à un manque d’isomorphie entre deux systèmes culturels. Pour que les étrangers puissent comprendre en profondeur les natifs, aller au-delà des apparences et communiquer vraiment, le dictionnaire bilingue donne aujourd’hui la possibilité d’accéder, en dernière instance, à la culture véhiculée par une langue. La médiation linguistique devient ainsi en même temps une médiation culturelle. Nous parcourrons les différents éléments constitutifs de l’article du dictionnaire bilingue, sa microstructure (voir Figure 1), pour montrer comment chaque élément de l’article (mot-entrée, traduisant, indicateur sémantique, collocation, exemple, etc.) contribue à la réalisation de cette médiation interlinguistique et interculturelle.
V. Zotti (2010). Le dictionnaire bilingue instrument de médiation linguistique et culturelle. BOLOGNA : Dupress.
Le dictionnaire bilingue instrument de médiation linguistique et culturelle
ZOTTI, VALERIA
2010
Abstract
Le dictionnaire bilingue, en tant qu’instrument qui met en contact deux langues dans le but de permettre ou du moins de faciliter le passage de l’une à l’autre, est par définition un objet de médiation linguistique et culturelle. Il relève du schéma classique de la communication avec un émetteur, le lexicographe, un récepteur, l’utilisateur, et le message, l’article de dictionnaire (Fourment-Berni Canani 2003: 72), qui fait fonction de médiateur entre deux langues-cultures. Les particularités d’une culture, tant sur le plan matériel que sur le plan abstrait, sont en fait incarnées par des signes lexicaux différents (mots, syntagmes, locutions, etc.). Ces signes peuvent s’organiser inégalement au sein de la même langue selon l’extension de son lexique. L’article du dictionnaire bilingue opère d’abord une médiation lexicale parce qu’il sélectionne la part de lexique utile qu’il faudra présenter comme mot-entrée de la nomenclature, en fonction des multiples besoins des utilisateurs (apprentissage, décodage ou encodage, traduction générale, spécialisée). En outre, à chaque concept, à chaque classe de référents ne peut pas toujours correspondre dans une autre langue un signe lexical adéquat. Chaque langue découpe d’une certaine façon ses réseaux sémantiques. Aux différentes acceptions d’un mot de la langue source ne coïncidera pas toujours un seul équivalent traductionnel dans la langue cible. L’article bilingue, par le biais d’un métalangage spécifique, devient le lieu où s’opère aussi une médiation sémantique, pour que les différents sens du mot-entrée soient associés correctement à leur correspondant dénotatif et, si possible, connotatif. En plus de leurs propriétés sémantiques, les signes lexicaux possèdent aussi des propriétés syntaxiques et pragmatiques, qui, elles aussi, varient dans chaque système linguistique. La forme du dictionnaire bilingue est en contradiction complète avec la conception de ce que la traduction devrait être: “non pas une transposition mot à mot mais une équivalence au niveau de l’énoncé, à savoir du texte” (Fourment-Berni Canani 2003: 73). Cependant, l’évolution de la lexicographie permet de plus en plus de résoudre ce paradoxe: grâce à l’introduction de nouveaux éléments microstructurels, l’article bilingue réussit à tenir compte de l’usage pour la quasi-totalité du vocabulaire en cause et à opérer aussi de la sorte, dans le passage d’une langue à l’autre, une médiation pragmatique. Les signes linguistiques sont si étroitement liés à leur culture d’appartenance que l’anisomorphisme des structures linguistiques (lexicales, sémantiques, syntaxiques) de deux langues correspond aussi à un manque d’isomorphie entre deux systèmes culturels. Pour que les étrangers puissent comprendre en profondeur les natifs, aller au-delà des apparences et communiquer vraiment, le dictionnaire bilingue donne aujourd’hui la possibilité d’accéder, en dernière instance, à la culture véhiculée par une langue. La médiation linguistique devient ainsi en même temps une médiation culturelle. Nous parcourrons les différents éléments constitutifs de l’article du dictionnaire bilingue, sa microstructure (voir Figure 1), pour montrer comment chaque élément de l’article (mot-entrée, traduisant, indicateur sémantique, collocation, exemple, etc.) contribue à la réalisation de cette médiation interlinguistique et interculturelle.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.