Dans cette contribution on essayera de répondre à cette question : si, comme le signale Alain Rey , les dictionnaires bilingues mettent en communication des systèmes lexicaux et discursifs différents, cette communication peut-elle faire l’objet d’un contrôle ? En acceptant l’idée que le traducteur commence par une analyse du sens de X et poursuit jusqu’à l’identification de l’équivalent qui convient, est-ce que le lexicographe, notamment le lexicographe bilingue, procède de la même manière ? Autrement dit, est-ce que le contrôle de l’équivalence sémantique entre X dans la LS et Y dans la LC lui permet de confirmer l’équivalence traductionnelle envisagée ? On pose donc d’emblée que deux unités peuvent être sémantiquement identiques, notre axiome étant l’équivalence sémantique, c’est-à-dire la synonymie ou, mieux, l’homosémie. C’est bien sur ce principe que fonctionnent la définition et la synonymie du dictionnaire monolingue. Il peut être illustré par l’exemple suivant : Il s’est montré très distant = glacial Tout comme la synonymie semble soutenir la thèse de l’équivalence en fournissant un équivalent à elle-même, est-ce qu’elle peut être étendue à la traduction ? Il suffira de comparer entre elles les composantes des dictionnaires monolingues, soit les définitions et les exemples, en fonction de l’équivalence postulée. L’équivalence sémantique sera la première condition, l’autre étant la mise en communication. La médiocrité des résultats tient plus à un défaut des monolingues qu’à l’absence d’équivalence, comme le montre la comparaison des définitions et des exemples du dictionnaire Le Petit Robert pour le français avec celles du Dizionario della Lingua Italiana Zingarelli pour l’italien. L’article modèle du bilingue devrait consister dans l’intégration systématique des contrôles d’équivalences. Il faut cependant insister sur le modèle de monolingue à retenir. Il importe en effet que ce soit l’acception qui fasse l’objet de l’équivalence, et non l’unité lexicale. On note que le schéma d’équivalence doit être répété pour chaque unité donnée comme équivalente, quelle que soit la synonymie supposée entre ces termes. Ainsi, un bon dictionnaire bilingue doit éviter à un Italien de se méprendre sur les différentes emplois de « sentir » en français, par exemple en lui faisant croire qu’il peut s’employer pour les sensations auditives, ce qui n’est pas possible, comme le Petit Robert le signale ouvertement. Pour ce faire, il faudrait que l’information sémantique et l’analyse du sens des mots dans les dictionnaires soient plus explicites et fassent même l’objet de commentaires comparatifs. Cela n’est pas toujours le cas. Il serait aussi nécessaire que les dictionnaires bilingues indiquent dans certains cas les sens qu’un mot n’a pas, cette information négative pouvant être aussi précieuse, dans le cas où il y a une interférence, qu’une information positive. Suite à ces analyses qui constituent pour l’instant une ébauche de réflexion, nous concluons en relevant la nécessité que la lexicographie des dictionnaires bilingues intègre dans ses procédures l’apport des analyses sémantiques ou componentielles désormais courantes en lexicologie. Grâce à ces contrôles, les différences d’emploi de doublets, comme par exemple an /année, savoir / connaître, sentir / entendre seraient beaucoup mieux traitées. Cela implique qu’il sera indispensable de situer la réflexion constrastive à un niveau assez profond.
Zotti V. (2008). Contrôle de l'équivalence sémantique dans le dictionnaire bilingue. FASANO - PARIGI : Schena Editore - Alain Baudry et Cie Editeur.
Contrôle de l'équivalence sémantique dans le dictionnaire bilingue
ZOTTI, VALERIA
2008
Abstract
Dans cette contribution on essayera de répondre à cette question : si, comme le signale Alain Rey , les dictionnaires bilingues mettent en communication des systèmes lexicaux et discursifs différents, cette communication peut-elle faire l’objet d’un contrôle ? En acceptant l’idée que le traducteur commence par une analyse du sens de X et poursuit jusqu’à l’identification de l’équivalent qui convient, est-ce que le lexicographe, notamment le lexicographe bilingue, procède de la même manière ? Autrement dit, est-ce que le contrôle de l’équivalence sémantique entre X dans la LS et Y dans la LC lui permet de confirmer l’équivalence traductionnelle envisagée ? On pose donc d’emblée que deux unités peuvent être sémantiquement identiques, notre axiome étant l’équivalence sémantique, c’est-à-dire la synonymie ou, mieux, l’homosémie. C’est bien sur ce principe que fonctionnent la définition et la synonymie du dictionnaire monolingue. Il peut être illustré par l’exemple suivant : Il s’est montré très distant = glacial Tout comme la synonymie semble soutenir la thèse de l’équivalence en fournissant un équivalent à elle-même, est-ce qu’elle peut être étendue à la traduction ? Il suffira de comparer entre elles les composantes des dictionnaires monolingues, soit les définitions et les exemples, en fonction de l’équivalence postulée. L’équivalence sémantique sera la première condition, l’autre étant la mise en communication. La médiocrité des résultats tient plus à un défaut des monolingues qu’à l’absence d’équivalence, comme le montre la comparaison des définitions et des exemples du dictionnaire Le Petit Robert pour le français avec celles du Dizionario della Lingua Italiana Zingarelli pour l’italien. L’article modèle du bilingue devrait consister dans l’intégration systématique des contrôles d’équivalences. Il faut cependant insister sur le modèle de monolingue à retenir. Il importe en effet que ce soit l’acception qui fasse l’objet de l’équivalence, et non l’unité lexicale. On note que le schéma d’équivalence doit être répété pour chaque unité donnée comme équivalente, quelle que soit la synonymie supposée entre ces termes. Ainsi, un bon dictionnaire bilingue doit éviter à un Italien de se méprendre sur les différentes emplois de « sentir » en français, par exemple en lui faisant croire qu’il peut s’employer pour les sensations auditives, ce qui n’est pas possible, comme le Petit Robert le signale ouvertement. Pour ce faire, il faudrait que l’information sémantique et l’analyse du sens des mots dans les dictionnaires soient plus explicites et fassent même l’objet de commentaires comparatifs. Cela n’est pas toujours le cas. Il serait aussi nécessaire que les dictionnaires bilingues indiquent dans certains cas les sens qu’un mot n’a pas, cette information négative pouvant être aussi précieuse, dans le cas où il y a une interférence, qu’une information positive. Suite à ces analyses qui constituent pour l’instant une ébauche de réflexion, nous concluons en relevant la nécessité que la lexicographie des dictionnaires bilingues intègre dans ses procédures l’apport des analyses sémantiques ou componentielles désormais courantes en lexicologie. Grâce à ces contrôles, les différences d’emploi de doublets, comme par exemple an /année, savoir / connaître, sentir / entendre seraient beaucoup mieux traitées. Cela implique qu’il sera indispensable de situer la réflexion constrastive à un niveau assez profond.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.