La persistante et fortement médiatisée crise financière qui trouble le sommeil des Pays souverains et de leurs citoyens a porté sur le devant de la scène un terme qui, à notre avis, constitue l’une des clés de lecture de la crise même et est le reflet de la difficulté et de la complexité de la crise hellénique: « haircut ». Ce terme qui appartient au jargon des financiers signifie littéralement « coup de ciseaux » et indique généralement une réduction de la valeur de marché d’un titre. Dans l’activité de prêt, comme dans le cas des opérations de refinancement de la Banque centrale européenne ou des opérations de refinancement sur le marché interbancaire, « haircut » est une réduction de valeur effectuée par le créancier d’un bien donné en gage et constitue donc, à juste titre, une garantie pour ce dernier contre une éventuelle dévaluation (du titre) liée à la perte de crédibilité du débiteur ou à son éventuel défaut. Comme nous le verrons à travers notre analyse du contexte historique de la crise grecque, le cas de la restructuration de la dette grecque en février 2012 prouve l’existence d’une différente orientation du terme : de garantie pour le créancier, « haircut » finit par indiquer plutôt une mesure imposée, quoique concordée, dans le but de sauvegarder le pays débiteur en difficulté, au grand dam du pays créancier. L’usage prédominant de l’emprunt intégral en italien et de « décote » en francais dans les deux acceptions, parallèlement à la complexité patente et aux enjeux des opérations de refinancement et de restructuration de la dette, constituent le point de départ de notre travail. Or, comme nous le verrons, l’appréhension de cette double acception apparaît plus clairement si nous répérons, grâce à des contextes élargis, les différents schémas d’arguments qui caractérisent les deux différents emplois du terme. Fondée sur la force décloisonnante de l’exploration de corpus spécialisés de type comparable, cette étude se focalise sur l’étude d’un glissement sémantique dans le domaine de la langue financière, permettant ainsi d’illustrer le passage d’une prosodie « neutre » de nature « préventive » à une prosodie « plus orientée négativement », voire de nature coercitive.

Maldussi, D. (2014). « Haircut »: étude comparative anglais/français/italien d’un glissement sémantique dans la terminologie de la crise. MEDIAZIONI, 16, 1-21.

« Haircut »: étude comparative anglais/français/italien d’un glissement sémantique dans la terminologie de la crise

MALDUSSI, DANIO
2014

Abstract

La persistante et fortement médiatisée crise financière qui trouble le sommeil des Pays souverains et de leurs citoyens a porté sur le devant de la scène un terme qui, à notre avis, constitue l’une des clés de lecture de la crise même et est le reflet de la difficulté et de la complexité de la crise hellénique: « haircut ». Ce terme qui appartient au jargon des financiers signifie littéralement « coup de ciseaux » et indique généralement une réduction de la valeur de marché d’un titre. Dans l’activité de prêt, comme dans le cas des opérations de refinancement de la Banque centrale européenne ou des opérations de refinancement sur le marché interbancaire, « haircut » est une réduction de valeur effectuée par le créancier d’un bien donné en gage et constitue donc, à juste titre, une garantie pour ce dernier contre une éventuelle dévaluation (du titre) liée à la perte de crédibilité du débiteur ou à son éventuel défaut. Comme nous le verrons à travers notre analyse du contexte historique de la crise grecque, le cas de la restructuration de la dette grecque en février 2012 prouve l’existence d’une différente orientation du terme : de garantie pour le créancier, « haircut » finit par indiquer plutôt une mesure imposée, quoique concordée, dans le but de sauvegarder le pays débiteur en difficulté, au grand dam du pays créancier. L’usage prédominant de l’emprunt intégral en italien et de « décote » en francais dans les deux acceptions, parallèlement à la complexité patente et aux enjeux des opérations de refinancement et de restructuration de la dette, constituent le point de départ de notre travail. Or, comme nous le verrons, l’appréhension de cette double acception apparaît plus clairement si nous répérons, grâce à des contextes élargis, les différents schémas d’arguments qui caractérisent les deux différents emplois du terme. Fondée sur la force décloisonnante de l’exploration de corpus spécialisés de type comparable, cette étude se focalise sur l’étude d’un glissement sémantique dans le domaine de la langue financière, permettant ainsi d’illustrer le passage d’une prosodie « neutre » de nature « préventive » à une prosodie « plus orientée négativement », voire de nature coercitive.
2014
Maldussi, D. (2014). « Haircut »: étude comparative anglais/français/italien d’un glissement sémantique dans la terminologie de la crise. MEDIAZIONI, 16, 1-21.
Maldussi, Danio
File in questo prodotto:
Eventuali allegati, non sono esposti

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11585/522193
 Attenzione

Attenzione! I dati visualizzati non sono stati sottoposti a validazione da parte dell'ateneo

Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact