La pertinence du cadre de la gouvernementalité pour aborder les enjeux écologiques est marquée par un double paradoxe. Premièrement, la nature et l’écologie n’occupent guère de place chez Foucault. Son intérêt pour la nature a été marginal. Un récit biographique affirme qu’il « détestait la nature », préférant « visiter les églises et les musées » 1 . Pourtant, la catégorie de la vie est centrale dans son oeuvre. D’un côté, il montre comment le biopouvoir s’appuie sur le dépassement de la séparation traditionnelle entre l’histoire et la constitution biologique de l’homme et son rapport à son milieu biophysique2. De l’autre, les notions mêmes de vie, ou de nature humaine, avant que des concepts ou objets d’enquête, sont pour lui des « indicateurs épistémologiques », c’est-à-dire des panneaux de signalisation historiquement mobiles qui définissent les frontières et les modalités de l’enquête, les limites de l’enquête sur nousmêmes et sur le monde, ou la grille conceptuelle à travers laquelle une telle enquête peut être menée3. Autrement dit, la vie et la nature, et leur sens mouvant, sont les pierres angulaires des problématisations – le type de questions qui se posent et occupent une place centrale et le type de réponses qui deviennent concevables4 – qui caractérisent les différentes phases historiques.

Emanuele Leonardi, Luigi Pellizzoni (2021). Gouvernamentalité et écologie politique. MATERIALI FOUCAULTIANI, 19-20, 19-43.

Gouvernamentalité et écologie politique

Emanuele Leonardi
;
Luigi Pellizzoni
2021

Abstract

La pertinence du cadre de la gouvernementalité pour aborder les enjeux écologiques est marquée par un double paradoxe. Premièrement, la nature et l’écologie n’occupent guère de place chez Foucault. Son intérêt pour la nature a été marginal. Un récit biographique affirme qu’il « détestait la nature », préférant « visiter les églises et les musées » 1 . Pourtant, la catégorie de la vie est centrale dans son oeuvre. D’un côté, il montre comment le biopouvoir s’appuie sur le dépassement de la séparation traditionnelle entre l’histoire et la constitution biologique de l’homme et son rapport à son milieu biophysique2. De l’autre, les notions mêmes de vie, ou de nature humaine, avant que des concepts ou objets d’enquête, sont pour lui des « indicateurs épistémologiques », c’est-à-dire des panneaux de signalisation historiquement mobiles qui définissent les frontières et les modalités de l’enquête, les limites de l’enquête sur nousmêmes et sur le monde, ou la grille conceptuelle à travers laquelle une telle enquête peut être menée3. Autrement dit, la vie et la nature, et leur sens mouvant, sont les pierres angulaires des problématisations – le type de questions qui se posent et occupent une place centrale et le type de réponses qui deviennent concevables4 – qui caractérisent les différentes phases historiques.
2021
Emanuele Leonardi, Luigi Pellizzoni (2021). Gouvernamentalité et écologie politique. MATERIALI FOUCAULTIANI, 19-20, 19-43.
Emanuele Leonardi; Luigi Pellizzoni
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