En 1880, dans sa Nouvelle Géographie universelle, Élisée Reclus (1830-1905) se moque des explorations polaires qui stimulaient dans ces décennies les fantaisies des géographes et du public cultivé et qui relevaient, à ses yeux, d’une inintéressante course coloniale des États de l’Europe et de l’Amérique du Nord pour être les premiers à planter leurs drapeaux dans le désert. Humaniste têtu et intéressé plutôt par le monde habité, c’est-à-dire par l’œcoumène tel que le définissait Strabon, le géographe anarchiste affirme par exemple, à propos des îles Spitzberg, qu’elles « forment un monde à part qui n’appartient pas encore à l’homme. Sans doute, des États d’Europe ont pu revendiquer la possession du Spitzberg, y faire planter leurs drapeaux ; mais ces terres lointaines n’en restent pas moins des solitudes » (Reclus, 1880, p. 245). Deux ans auparavant, se suicidait à Gotha le prince des cartographes, August Petermann (1822-1878), qui avait consacré à la course au Pôle Nord une grande partie de son travail, et sans doute de ses obsessions. Écrit par Philipp Felsch, historien des sciences à l’Université Humboldt de Berlin, et traduit en français par Olivier Mannoni, le présent ouvrage reconstruit l’histoire de la formation de ce « rêve géographique », en montrant au lecteur toute la puissance des mythes géographiques pour les imaginaires collectifs et individuels d’une époque.
Ferretti, F. (2014). Felsch P., 2013, Comment August Petermann inventa le Pôle Nord, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme [1ère édition allemande 2010], 195 p. CYBERGEO, 2014, 1-5 [10.4000/cybergeo.26309].
Felsch P., 2013, Comment August Petermann inventa le Pôle Nord, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme [1ère édition allemande 2010], 195 p
Ferretti, Federico
2014
Abstract
En 1880, dans sa Nouvelle Géographie universelle, Élisée Reclus (1830-1905) se moque des explorations polaires qui stimulaient dans ces décennies les fantaisies des géographes et du public cultivé et qui relevaient, à ses yeux, d’une inintéressante course coloniale des États de l’Europe et de l’Amérique du Nord pour être les premiers à planter leurs drapeaux dans le désert. Humaniste têtu et intéressé plutôt par le monde habité, c’est-à-dire par l’œcoumène tel que le définissait Strabon, le géographe anarchiste affirme par exemple, à propos des îles Spitzberg, qu’elles « forment un monde à part qui n’appartient pas encore à l’homme. Sans doute, des États d’Europe ont pu revendiquer la possession du Spitzberg, y faire planter leurs drapeaux ; mais ces terres lointaines n’en restent pas moins des solitudes » (Reclus, 1880, p. 245). Deux ans auparavant, se suicidait à Gotha le prince des cartographes, August Petermann (1822-1878), qui avait consacré à la course au Pôle Nord une grande partie de son travail, et sans doute de ses obsessions. Écrit par Philipp Felsch, historien des sciences à l’Université Humboldt de Berlin, et traduit en français par Olivier Mannoni, le présent ouvrage reconstruit l’histoire de la formation de ce « rêve géographique », en montrant au lecteur toute la puissance des mythes géographiques pour les imaginaires collectifs et individuels d’une époque.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.