Deux siècles après la première traduction occidentale des Mille et Une Nuits, faite par Antoine Galland (1704-1717), une nouvelle traduction du célèbre recueil oriental voit le jour en France, sous le titre archaïsant de Le livre des Mille Nuits et Une Nuit (1899-1904). Le nouveau traducteur, Joseph-Charles Mardrus, proche du cercle de Mallarmé, dépose une couche de vernis orientalisant sur l’ensemble de l’ouvrage, en insistant sur l’exotisme et l’érotisme. Dans son système d’interpolations, le discours sur le vêtement prend une place centrale: Mardrus s’amuse à inventer, pour ses sultanes, des tenues orientales inexistantes dans les textes-sources arabes et à multiplier les occurrences de termes comme “babouches” et “voiles”, tenus comme des connotateurs de l’Orient. Cet orientalisme vestimentaire excède tout naturellement les frontières de sa traduction pour envahir d’abord les scènes, puis les salles des théâtres parisiens: les robes orientalisantes deviennent des modèles incontournables dans les garde-robes du Tout-Paris artistique et mondain. La structure bipartite de cette étude présentera d’abord la manière dont Mardrus traite le sujet du “vêtement”, en influençant les artistes de son temps, notamment l’impresario des Ballets Russes, Serge Diaghilev; elle se penchera, dans un deuxième temps, sur les retentissements de ce “discours qui habille” dans la mode “réelle” et “écrite” du Paris de la Belle Époque, en prenant en compte notamment les créations orientalisantes du couturier Paul Poiret, à leur tour célébrées dans les revues de mode de l’époque.

Mille et Une Nuits sur Seine: l’influence de la traduction de Joseph-Charles Mardrus sur l’orientalisme vestimentaire de la Belle Époque

VITALI, ILARIA
2015

Abstract

Deux siècles après la première traduction occidentale des Mille et Une Nuits, faite par Antoine Galland (1704-1717), une nouvelle traduction du célèbre recueil oriental voit le jour en France, sous le titre archaïsant de Le livre des Mille Nuits et Une Nuit (1899-1904). Le nouveau traducteur, Joseph-Charles Mardrus, proche du cercle de Mallarmé, dépose une couche de vernis orientalisant sur l’ensemble de l’ouvrage, en insistant sur l’exotisme et l’érotisme. Dans son système d’interpolations, le discours sur le vêtement prend une place centrale: Mardrus s’amuse à inventer, pour ses sultanes, des tenues orientales inexistantes dans les textes-sources arabes et à multiplier les occurrences de termes comme “babouches” et “voiles”, tenus comme des connotateurs de l’Orient. Cet orientalisme vestimentaire excède tout naturellement les frontières de sa traduction pour envahir d’abord les scènes, puis les salles des théâtres parisiens: les robes orientalisantes deviennent des modèles incontournables dans les garde-robes du Tout-Paris artistique et mondain. La structure bipartite de cette étude présentera d’abord la manière dont Mardrus traite le sujet du “vêtement”, en influençant les artistes de son temps, notamment l’impresario des Ballets Russes, Serge Diaghilev; elle se penchera, dans un deuxième temps, sur les retentissements de ce “discours qui habille” dans la mode “réelle” et “écrite” du Paris de la Belle Époque, en prenant en compte notamment les créations orientalisantes du couturier Paul Poiret, à leur tour célébrées dans les revues de mode de l’époque.
2015
Vitali, Ilaria
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