Influence minoritaire et effet de décentration dans l'argumentation: une approche expérimentale

L’existence d’un biais confirmatoire, bien connu dans les domaines du raisonnement formel, a été également documenté dans les processus d’argumentation ; en détail, les gens préfèrent soutenir leurs points de voue par la production d’arguments qui renforcent leur position, plutôt que par la réfutation des positions alternatives. L’hypothèse de notre étude est que ce biais ne soit pas universel, et que la prise en compte des positions alternatives (en vue de leur réfutation) soit favorisée par les mêmes conditions d’influence sociale qui favorisent la décentration dans le raisonnement formel, en particulier par l’exposition à une source d’influence minoritaire. En plus, nous faisons l’hypothèse que cet effet de la source minoritaire ne se produit que lors que la relevance de l’objet est faible ; en revanche, le taux de réfutations devrait être haut en tous cas lors que l’objet de discussion est relevant en soi, les gens étant motivés à élaborer les enjeux en profondeur, et la source d’influence devenant un indice périphérique peu pertinent. Dans un plan expérimental 2 (relevance de l’enjeu : forte vs. faible) x 2 (source d’influence : majorité vs. minorité), nous avons demandé aux participants (114 étudiants) de développer trois arguments pour illustrer leur point de vue à l’égard de l’introduction d’un examen supplémentaire dans leur cours d’études. La variable dépendante principal consistait dans le rapport entre arguments de renforcement de la position initiale des étudiants, et arguments de réfutations de la position alternative. Les résultats confirment les hypothèses. La décomposition des effets montre que aucune différence se produit dans la choix du premier argument (environ 80% de confirmations en toutes conditions), et que et que l’effet la réduction du biais confirmatoire liée à l’influence minoritaire et à la relevance de l’enjeux devient significative à partir du 2ème argument choisi.