L’article décrit la parabole de Diderot de l’originaire imitation de Socrate à l’identification avec Sénèque. Socrate évidemment, et avant tout, et au débout, à propos duquel les interprètes de la pensée de Diderot et de son attitude philosophique avaient parlé d'un Socrate imaginaire. Un Socrate imaginaire, mais qui a quand même joué plusieurs rôles dans les ouvrages de Diderot, à la fois idole d'une religion laïque et temoin de la vérité, emblème de la philosophie persécoutée et martyr de la superstition et de l'ignorance, philosophe exemplaire et référence méthodologique privilégiée, maître absolu de morale et symbole de la primauté de l'éthique. Mais dans la pensée de Diderot au crépuscule de la lutte philosophique, lorsque la magnanimité de la résistance et “l'exercice d'une bienfaisance mutuelle” devenaient parfois préférables au courage du martyre, la possibilité d'une moralité de la vertu austère mais indulgeante, travailleuse jusqu'au sacrifice et pourant heureuse, prend lentement et consciemment la place du sublime idéal socratique. Après les ambitions éteintes et les déceptions de l'idéologie du despotisme éclairé, après les illusions perdues et les rêves évanouis d'une palingenèse philosophique des mœurs d'une société corrompue, ignorante et lâche, après les adieux aux compagnons de si nombreux combats, le repli de Diderot sur sa propre conscience et sur le temps perdu aboutit en effet à une éthique privée fondée sur des valeurs individuelles proportionnée “à l'expérience journalière et à l'usage du monde”, moins sublime et dramatique peut-être, moins statuaire et monolithique, moins fastueuse et imposante que celle du sage d'Athènes mais quand même aussi solide, courageuse et puissante, qui démande au stoïcisme mitigé de Sénèque, mais aussi “à la saine et austère ” morale d'Epicure, de diriger ses actions et de lui offrir les ressources, les consolations et les cautions d'une philosophie désertée par tous les vivants.

Diderot, l'imitazione di Socrate e la meditazione con Seneca

SPALLANZANI, MARIAFRANCA
2013

Abstract

L’article décrit la parabole de Diderot de l’originaire imitation de Socrate à l’identification avec Sénèque. Socrate évidemment, et avant tout, et au débout, à propos duquel les interprètes de la pensée de Diderot et de son attitude philosophique avaient parlé d'un Socrate imaginaire. Un Socrate imaginaire, mais qui a quand même joué plusieurs rôles dans les ouvrages de Diderot, à la fois idole d'une religion laïque et temoin de la vérité, emblème de la philosophie persécoutée et martyr de la superstition et de l'ignorance, philosophe exemplaire et référence méthodologique privilégiée, maître absolu de morale et symbole de la primauté de l'éthique. Mais dans la pensée de Diderot au crépuscule de la lutte philosophique, lorsque la magnanimité de la résistance et “l'exercice d'une bienfaisance mutuelle” devenaient parfois préférables au courage du martyre, la possibilité d'une moralité de la vertu austère mais indulgeante, travailleuse jusqu'au sacrifice et pourant heureuse, prend lentement et consciemment la place du sublime idéal socratique. Après les ambitions éteintes et les déceptions de l'idéologie du despotisme éclairé, après les illusions perdues et les rêves évanouis d'une palingenèse philosophique des mœurs d'une société corrompue, ignorante et lâche, après les adieux aux compagnons de si nombreux combats, le repli de Diderot sur sa propre conscience et sur le temps perdu aboutit en effet à une éthique privée fondée sur des valeurs individuelles proportionnée “à l'expérience journalière et à l'usage du monde”, moins sublime et dramatique peut-être, moins statuaire et monolithique, moins fastueuse et imposante que celle du sage d'Athènes mais quand même aussi solide, courageuse et puissante, qui démande au stoïcisme mitigé de Sénèque, mais aussi “à la saine et austère ” morale d'Epicure, de diriger ses actions et de lui offrir les ressources, les consolations et les cautions d'une philosophie désertée par tous les vivants.
2013
L'antico nel moderno. Il recupero del classico nelle forme del pensiero moderrno
101
122
M. Spallanzani
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