«Le siècle qui vient de s’écouler a été marqué en profondeur par un admirable renouvellement des études patristiques dont nous continuons aujourd’hui à bénéficier. Mais nous ne sommes pas seulement les héritiers du “ressourcement” patristique qui a pris son essor, surtout en France, dans la période entre les deux guerres mondiales, car à vrai dire l’héritage des Pères nous a été transmis par plusieurs générations d’hommes d’Église et de savants tout au long de l’âge moderne. Cette mise en perspective historique des études patristiques, qui pourrait remonter en arrière jusqu’à l’époque de l’Humanisme et de la Renaissance, ne doit jamais être oubliée, spécialement au moment où l’on s’interroge, non sans inquiétude, sur leur avenir. En effet, le regard de l’histoire nous assure que nous avons affaire à un héritage riche et vivant, susceptible d’être retrouvé et capable ainsi de transmettre à nouveau son message dans les situations les plus diverses: dès la redécouverte libératrice du monde de l’antiquité, y compris les auteurs chrétiens des origines, par les savants humanistes aux débuts de l’âge moderne, à la recherche apologétique de l’auctoritas Patrum par les théologiens et les controversistes, catholiques et protestants, au milieu des luttes confessionnelles du XVIe et XVIIe siècle; ou encore dès le travail érudit d’édition, qui à partir du “Grand-siècle” contribua lui aussi au grand fleuve de l’Aufklärung, jusqu’au collections monumentales de l’abbé Migne en plein XIXe siècle, conçues originairement comme une réponse, au nom de la tradition, à la crise du catholicisme français après la Révolution. Voilà seulement quelques-uns des exemples que l’on pourrait produire pour témoigner de la “compagnie” constamment renouvelée des Pères au cours de notre histoire. Ayant en vue toutes ces étapes dans la rencontre de la culture européenne avec ses Pères dans la foi, il faut bien souscrire au jugement porté, il y a presque quarante ans, par l’un des protagonistes majeurs du ressourcement patristique contemporain, le père Henri de Lubac: “Chaque fois, dans notre Occident, qu’un renouveau chrétien a fleuri, dans l’ordre de la pensée comme dans celui de la vie (et les deux ordres sont toujours liés), il a fleuri sous le signe des Pères. Tous les siècles en témoignent"».
L’étude des Pères dans l’université: pour une approche européenne / L. Perrone. - STAMPA. - (2006), pp. 19-35. (Intervento presentato al convegno Les Pères de l’Église dans le monde d’aujourd’hui tenutosi a Bucarest, New European College nel 7-8 ottobre 2004).
L’étude des Pères dans l’université: pour une approche européenne
PERRONE, LORENZO
2006
Abstract
«Le siècle qui vient de s’écouler a été marqué en profondeur par un admirable renouvellement des études patristiques dont nous continuons aujourd’hui à bénéficier. Mais nous ne sommes pas seulement les héritiers du “ressourcement” patristique qui a pris son essor, surtout en France, dans la période entre les deux guerres mondiales, car à vrai dire l’héritage des Pères nous a été transmis par plusieurs générations d’hommes d’Église et de savants tout au long de l’âge moderne. Cette mise en perspective historique des études patristiques, qui pourrait remonter en arrière jusqu’à l’époque de l’Humanisme et de la Renaissance, ne doit jamais être oubliée, spécialement au moment où l’on s’interroge, non sans inquiétude, sur leur avenir. En effet, le regard de l’histoire nous assure que nous avons affaire à un héritage riche et vivant, susceptible d’être retrouvé et capable ainsi de transmettre à nouveau son message dans les situations les plus diverses: dès la redécouverte libératrice du monde de l’antiquité, y compris les auteurs chrétiens des origines, par les savants humanistes aux débuts de l’âge moderne, à la recherche apologétique de l’auctoritas Patrum par les théologiens et les controversistes, catholiques et protestants, au milieu des luttes confessionnelles du XVIe et XVIIe siècle; ou encore dès le travail érudit d’édition, qui à partir du “Grand-siècle” contribua lui aussi au grand fleuve de l’Aufklärung, jusqu’au collections monumentales de l’abbé Migne en plein XIXe siècle, conçues originairement comme une réponse, au nom de la tradition, à la crise du catholicisme français après la Révolution. Voilà seulement quelques-uns des exemples que l’on pourrait produire pour témoigner de la “compagnie” constamment renouvelée des Pères au cours de notre histoire. Ayant en vue toutes ces étapes dans la rencontre de la culture européenne avec ses Pères dans la foi, il faut bien souscrire au jugement porté, il y a presque quarante ans, par l’un des protagonistes majeurs du ressourcement patristique contemporain, le père Henri de Lubac: “Chaque fois, dans notre Occident, qu’un renouveau chrétien a fleuri, dans l’ordre de la pensée comme dans celui de la vie (et les deux ordres sont toujours liés), il a fleuri sous le signe des Pères. Tous les siècles en témoignent"».I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.