Alors que la Shoah est traditionnellement associée à l'organisation de l'extermination dans les camps nazis, le massacre des Juifs soviétiques d'Europe orientale et des Pays baltes suivit souvent une tout autre logique, bien moins connue. Auschwitz devint un lieu de mémoire, tandis que Baby Yar attend toujours la plaque qui commémorera sans équivoque le massacre de civils juifs. Répondant à ce double défaut de connaissance et de mémoire, on exploite ici les informations mises au jour grâce à l'ouverture des archives soviétiques ainsi que les plus récentes recherches pour reconstituer l'histoire des persécutions nazies dans ces régions et les contradictions de la politique de Moscou face à la Shoah. L'auteure met ainsi en lumière certaines spécificités de ces crimes : l'exécution immédiate des « ordres » d'identification et d'élimination des Juifs ; le succès de la propagande antisémite nazie ; l'importante collaboration locale. De même analyse-t-elle les diverses formes du refus idéologique déployées par Moscou - hostile à toute différenciation de la nationalité juive - pour éviter de reconnaître la spécificité du massacre des Juifs, avec tous les laissés-pour-compte et la répression que cela entraîna. Ainsi le Comité antifasciste juif, créé à Moscou en 1941, vit-il ses principaux dirigeants emprisonnés et exécutés entre 1948 et 1952, généralement pour cause de « sionisme ».
SALOMONI, A. (2008). L’URSS et la Shoah. Paris : La Découverte.
L’URSS et la Shoah
SALOMONI, Antonella
2008
Abstract
Alors que la Shoah est traditionnellement associée à l'organisation de l'extermination dans les camps nazis, le massacre des Juifs soviétiques d'Europe orientale et des Pays baltes suivit souvent une tout autre logique, bien moins connue. Auschwitz devint un lieu de mémoire, tandis que Baby Yar attend toujours la plaque qui commémorera sans équivoque le massacre de civils juifs. Répondant à ce double défaut de connaissance et de mémoire, on exploite ici les informations mises au jour grâce à l'ouverture des archives soviétiques ainsi que les plus récentes recherches pour reconstituer l'histoire des persécutions nazies dans ces régions et les contradictions de la politique de Moscou face à la Shoah. L'auteure met ainsi en lumière certaines spécificités de ces crimes : l'exécution immédiate des « ordres » d'identification et d'élimination des Juifs ; le succès de la propagande antisémite nazie ; l'importante collaboration locale. De même analyse-t-elle les diverses formes du refus idéologique déployées par Moscou - hostile à toute différenciation de la nationalité juive - pour éviter de reconnaître la spécificité du massacre des Juifs, avec tous les laissés-pour-compte et la répression que cela entraîna. Ainsi le Comité antifasciste juif, créé à Moscou en 1941, vit-il ses principaux dirigeants emprisonnés et exécutés entre 1948 et 1952, généralement pour cause de « sionisme ».I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.