Si l’auteur contribue à augmenter le patrimoine lexical et à favoriser le dynamisme et l’évolution sémantique d’une langue, les parlants et scripteurs des nouveaux moyens de communication comme les blogs ne sont pas en reste en tant que médiateur du discours au quotidien et créateurs de néologismes issus de Noms de Marque (désormais NdM) et portant sur des noms de métiers dans leur forme au masculin et au féminin. Notre enjeu réside dans une démonstration du potentiel créateur de scripteurs de blogs recensés au sein de corpus divers que nous avons consultés lors du remaniement de NdM disponibles dans leur stock lexiculturel. Nous nous inscrivons par ailleurs dans l’axe préconisé par E. Viennot (2018) qui vise à rendre le langage inclusif et pour ce faire, elle propose des solutions simples et argumentées, entre autres, ouvrir la foire aux néologismes. Alors que le dernier rapport sur la féminisation des noms de métiers rédigé par l’Académie française en mars 2019 soulève diverses questions en raison du décalage que l’on observe entre les réalités sociales et leur traduction en langage, il nous semble important de souligner que les noms de métiers au féminin devraient correspondre aux besoins linguistiques et aux attentes résultant des évolutions récentes de la société. Dans un premier temps, nous nous proposons de mesurer la capacité créatrice de scripteurs lambda à partir d’une base empirique constituée par nos soins et comptant au total 1987 NdM dont 1352 ont été tamisés à l’aide d’une fouille outillée réalisée au sein du corpus Araneum. Ce corpus comportant 1,2 milliard de mots-formes remonte à 2013 pour son premier ratissage alors qu’une mise à jour a été effectuée en 2015. Après avoir observé la présence de néologismes issus de NdM se présentant comme des substituts économiques de lexies existantes dans la langue et notamment des noms de métiers, nous nous attellerons à vérifier par le biais d’une approche quantitative et guidée sur corpus la présence des néologismes précédemment attestés dans Araneum (2013-2015), à savoir « RATPiste », « SNCFiste », « Ripolineur », « Sephorette » et également dans la forme davantage respectueuse de l’accentuation française « Séphorette ». Afin de retracer la genèse et la toute première présence de ces lexies aussi bien dans l’Hexagone que dans des contextes canadiens et belges, nous allons passer en revue le corpus frWaC (2008), frTenTen12 (2012) et Timestamped2014-2019, l’envergure de la perspective diachronique bien qu’elle soit apparemment modeste s’avère cependant suffisante pour mesurer l’implantation et la diffusion de ces nouvelles lexies dans le discours au quotidien et notamment au sein de blogs. Dans un deuxième temps, nous étudierons la dimension morpho-syntaxique des formes néologiques se substituant plus économiquement à « ouvrier auprès de la société SNCF ou RATP » ainsi que la combinatoire syntactico-sémantique au sein de laquelle le NdM Ripolin est recontextualisé et refaçonné par les besoins langagiers des parlants, à savoir « ripolineur », digne substitut de « ravaleur » au sens figuré. Une analyse qualitative de ces nouvelles appellations de métiers et leur masculinisation sera conduite au sein des corpus Araneum, frWaC et frTenTen. Leurs domaines privilégiés d’afférance et la valeur axiologique associée fera également l’objet de notre étude. Une étude de cas de la forme néologique « Sephorette » orthographiée également avec l’accent aigu affichant ainsi un attachement particulier des Français pour leur orthographe sera analysée dans un troisième temps. Le lien associatif avec le terme vieilli de « midinette » sera exploré pour mettre en exergue que des formes néologiques à leur époque parviennent à briller à nouveau à travers le prisme d’un NdM, en l’occurrence Séphora, dont son cœur-cible est prioritairement féminin. Cette facette culturelle et marketing à la fois du NdM conditionne également le nom du métier qui en découle, seule la marque flexionnelle du genre féminin est prévue. L’attention que nous allons porter aux pratiques discursives des scripteurs nous permettra de démontrer les retombées axiologiques et sociétales dont ces manifestations sont fort porteuses.

Michela Tonti (2022). Pour une petite fabrique de noms de métiers au féminin (et au masculin) à partir de noms de marque circulant dans les blogs. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle.

Pour une petite fabrique de noms de métiers au féminin (et au masculin) à partir de noms de marque circulant dans les blogs

Michela Tonti
2022

Abstract

Si l’auteur contribue à augmenter le patrimoine lexical et à favoriser le dynamisme et l’évolution sémantique d’une langue, les parlants et scripteurs des nouveaux moyens de communication comme les blogs ne sont pas en reste en tant que médiateur du discours au quotidien et créateurs de néologismes issus de Noms de Marque (désormais NdM) et portant sur des noms de métiers dans leur forme au masculin et au féminin. Notre enjeu réside dans une démonstration du potentiel créateur de scripteurs de blogs recensés au sein de corpus divers que nous avons consultés lors du remaniement de NdM disponibles dans leur stock lexiculturel. Nous nous inscrivons par ailleurs dans l’axe préconisé par E. Viennot (2018) qui vise à rendre le langage inclusif et pour ce faire, elle propose des solutions simples et argumentées, entre autres, ouvrir la foire aux néologismes. Alors que le dernier rapport sur la féminisation des noms de métiers rédigé par l’Académie française en mars 2019 soulève diverses questions en raison du décalage que l’on observe entre les réalités sociales et leur traduction en langage, il nous semble important de souligner que les noms de métiers au féminin devraient correspondre aux besoins linguistiques et aux attentes résultant des évolutions récentes de la société. Dans un premier temps, nous nous proposons de mesurer la capacité créatrice de scripteurs lambda à partir d’une base empirique constituée par nos soins et comptant au total 1987 NdM dont 1352 ont été tamisés à l’aide d’une fouille outillée réalisée au sein du corpus Araneum. Ce corpus comportant 1,2 milliard de mots-formes remonte à 2013 pour son premier ratissage alors qu’une mise à jour a été effectuée en 2015. Après avoir observé la présence de néologismes issus de NdM se présentant comme des substituts économiques de lexies existantes dans la langue et notamment des noms de métiers, nous nous attellerons à vérifier par le biais d’une approche quantitative et guidée sur corpus la présence des néologismes précédemment attestés dans Araneum (2013-2015), à savoir « RATPiste », « SNCFiste », « Ripolineur », « Sephorette » et également dans la forme davantage respectueuse de l’accentuation française « Séphorette ». Afin de retracer la genèse et la toute première présence de ces lexies aussi bien dans l’Hexagone que dans des contextes canadiens et belges, nous allons passer en revue le corpus frWaC (2008), frTenTen12 (2012) et Timestamped2014-2019, l’envergure de la perspective diachronique bien qu’elle soit apparemment modeste s’avère cependant suffisante pour mesurer l’implantation et la diffusion de ces nouvelles lexies dans le discours au quotidien et notamment au sein de blogs. Dans un deuxième temps, nous étudierons la dimension morpho-syntaxique des formes néologiques se substituant plus économiquement à « ouvrier auprès de la société SNCF ou RATP » ainsi que la combinatoire syntactico-sémantique au sein de laquelle le NdM Ripolin est recontextualisé et refaçonné par les besoins langagiers des parlants, à savoir « ripolineur », digne substitut de « ravaleur » au sens figuré. Une analyse qualitative de ces nouvelles appellations de métiers et leur masculinisation sera conduite au sein des corpus Araneum, frWaC et frTenTen. Leurs domaines privilégiés d’afférance et la valeur axiologique associée fera également l’objet de notre étude. Une étude de cas de la forme néologique « Sephorette » orthographiée également avec l’accent aigu affichant ainsi un attachement particulier des Français pour leur orthographe sera analysée dans un troisième temps. Le lien associatif avec le terme vieilli de « midinette » sera exploré pour mettre en exergue que des formes néologiques à leur époque parviennent à briller à nouveau à travers le prisme d’un NdM, en l’occurrence Séphora, dont son cœur-cible est prioritairement féminin. Cette facette culturelle et marketing à la fois du NdM conditionne également le nom du métier qui en découle, seule la marque flexionnelle du genre féminin est prévue. L’attention que nous allons porter aux pratiques discursives des scripteurs nous permettra de démontrer les retombées axiologiques et sociétales dont ces manifestations sont fort porteuses.
2022
Entre masculin et féminin. Français et langues romanes
73
101
Michela Tonti (2022). Pour une petite fabrique de noms de métiers au féminin (et au masculin) à partir de noms de marque circulant dans les blogs. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle.
Michela Tonti
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