L’article d’Élisée Reclus « A propos d’une carte statistique », bien que plutôt court, est emblématique de la démarche à la fois scientifique et politique qui caractérise son auteur. Tout d’abord, il nous faut définir le contexte éditorial dans lequel le texte paraît : la Société Neuchâteloise de Géographie et son Bulletin voient parmi leurs fondateurs en 1885, à côté des représentants de la bourgeoisie libérale locale, deux géographes fortement hétérodoxes qui se trouvent exilés en Suisse pour des raisons politiques : Élisée Reclus et son ami et collaborateur Léon Metchnikoff. Cependant, ils ne sont pas des « isolés » ou des « marginaux ». Le succès public de la Nouvelle Géographie Universelle rend Reclus, à son époque, plus célèbre que les géographes universitaires, et les sociétés savantes de plusieurs pays accueillent dans leurs rangs les membres du réseau de géographes qui collaborent à son ouvrage. Reclus et Metchnikoff sont rattachés à diverses sociétés géographiques et anthropologiques, comme leurs collaborateurs scientifiques et compagnons de militance Pierre Kropotkine, membre de la Royal Geographical Society de Londres, et Charles Perron membre de la Société de Géographie de Genève. Les mêmes Universités ne sont fermées pour eux que dans les pays d’où ils sont bannis, comme la France et la Russie : Metchnikoff enseigne à l’académie de Neuchâtel, tandis que Reclus refuse une chaire à Genève parce qu’il est trop occupé à terminer son ouvrage monumental et Kropotkine décline des postes académiques en Angleterre pour rester « cohérent » avec ses idées anarchistes. C’est dans ce contexte que Léon Metchnikoff et les frères Elie et Élisée Reclus publient, entre la fin des années 1880 et le début des années 1890, une série d’articles dans le Bulletin de la Société Neuchâteloise de Géographie.
Comment nourrir la planète: à propos d’une carte statistique / Federico Ferretti. - STAMPA. - (2011), pp. 111-116.
Comment nourrir la planète: à propos d’une carte statistique
Federico Ferretti
2011
Abstract
L’article d’Élisée Reclus « A propos d’une carte statistique », bien que plutôt court, est emblématique de la démarche à la fois scientifique et politique qui caractérise son auteur. Tout d’abord, il nous faut définir le contexte éditorial dans lequel le texte paraît : la Société Neuchâteloise de Géographie et son Bulletin voient parmi leurs fondateurs en 1885, à côté des représentants de la bourgeoisie libérale locale, deux géographes fortement hétérodoxes qui se trouvent exilés en Suisse pour des raisons politiques : Élisée Reclus et son ami et collaborateur Léon Metchnikoff. Cependant, ils ne sont pas des « isolés » ou des « marginaux ». Le succès public de la Nouvelle Géographie Universelle rend Reclus, à son époque, plus célèbre que les géographes universitaires, et les sociétés savantes de plusieurs pays accueillent dans leurs rangs les membres du réseau de géographes qui collaborent à son ouvrage. Reclus et Metchnikoff sont rattachés à diverses sociétés géographiques et anthropologiques, comme leurs collaborateurs scientifiques et compagnons de militance Pierre Kropotkine, membre de la Royal Geographical Society de Londres, et Charles Perron membre de la Société de Géographie de Genève. Les mêmes Universités ne sont fermées pour eux que dans les pays d’où ils sont bannis, comme la France et la Russie : Metchnikoff enseigne à l’académie de Neuchâtel, tandis que Reclus refuse une chaire à Genève parce qu’il est trop occupé à terminer son ouvrage monumental et Kropotkine décline des postes académiques en Angleterre pour rester « cohérent » avec ses idées anarchistes. C’est dans ce contexte que Léon Metchnikoff et les frères Elie et Élisée Reclus publient, entre la fin des années 1880 et le début des années 1890, une série d’articles dans le Bulletin de la Société Neuchâteloise de Géographie.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.