Le XXe siècle a été marqué surtout par le côté obscur de l’utopie, c’est-à-dire par des récits dystopiques de lieux pires que la réalité. Des premières dystopies classiques, telles que My de Evgenj Zamyatin, Brave New World de Aldous Huxley et Nineteen Eighty-Four de George Orwell, à celles, plus récentes, d’écrivaines telles que Margaret Atwood, Ursula K. Le Guin, Marge Piercy et Octavia E. Butler, les narrations dystopiques se sont révélées un instrument indispensable pour des écrivains intéressés à dénoncer les tendances politiques et sociales dangereuses des sociétés contemporaines. La publication du roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, en 1985, a marqué un tournant dans le panorama du genre utopique. Après la fin de la poussée utopique des années soixante et soixante-dix, la publication des premiers récits cyberpunk, «l’anniversaire» de 1984 et la republication de dystopies telles que Swastika Night de Katharine Burdekin ont permis qu’un intérêt renouvelé pour le genre dystopique se développe, tant et si bien que la production des vingt dernières années du XXe siècle a trouvé dans la dystopie le genre préféré des écrivains de science-fiction. C’est exactemente à partir du roman de Margaret Atwood que les nouvelles dystopies présentent des innovations par rapport aux romans classiques, ce qui explique pourquoi certains critiques parlent de The Handmaid’s Tale comme de l’une des premières dystopies critiques. Ces romans gardent un noyau utopique, un lieu de l’espoir qui déconstruit la tradition et reconstruit de possibles alternatives. Contrairement aux dystopies classiques, dans les dystopies critiques l’espoir est présent non seulement à l’extérieur du roman, pour les lecteurs, mais aussi à son intérieur, pour les protagonistes. En outre, en utilisant des conventions empruntées à d’autres genres («genre blurring»), ces dystopies deviennent des textes hybrides qui renouvellent la résistance propre au genre dystopique. Bien qu’elle ne se consacre pas uniquement à la science-fiction, Atwood, avec ce roman et avec le plus récent Oryx and Crake, demeure l’une des plus intéressantes écrivaines de dystopies.

R. Baccolini (2008). The Handmaid's Tale. PARIS : Honoré Champion.

The Handmaid's Tale

BACCOLINI, RAFFAELLA
2008

Abstract

Le XXe siècle a été marqué surtout par le côté obscur de l’utopie, c’est-à-dire par des récits dystopiques de lieux pires que la réalité. Des premières dystopies classiques, telles que My de Evgenj Zamyatin, Brave New World de Aldous Huxley et Nineteen Eighty-Four de George Orwell, à celles, plus récentes, d’écrivaines telles que Margaret Atwood, Ursula K. Le Guin, Marge Piercy et Octavia E. Butler, les narrations dystopiques se sont révélées un instrument indispensable pour des écrivains intéressés à dénoncer les tendances politiques et sociales dangereuses des sociétés contemporaines. La publication du roman The Handmaid’s Tale de Margaret Atwood, en 1985, a marqué un tournant dans le panorama du genre utopique. Après la fin de la poussée utopique des années soixante et soixante-dix, la publication des premiers récits cyberpunk, «l’anniversaire» de 1984 et la republication de dystopies telles que Swastika Night de Katharine Burdekin ont permis qu’un intérêt renouvelé pour le genre dystopique se développe, tant et si bien que la production des vingt dernières années du XXe siècle a trouvé dans la dystopie le genre préféré des écrivains de science-fiction. C’est exactemente à partir du roman de Margaret Atwood que les nouvelles dystopies présentent des innovations par rapport aux romans classiques, ce qui explique pourquoi certains critiques parlent de The Handmaid’s Tale comme de l’une des premières dystopies critiques. Ces romans gardent un noyau utopique, un lieu de l’espoir qui déconstruit la tradition et reconstruit de possibles alternatives. Contrairement aux dystopies classiques, dans les dystopies critiques l’espoir est présent non seulement à l’extérieur du roman, pour les lecteurs, mais aussi à son intérieur, pour les protagonistes. En outre, en utilisant des conventions empruntées à d’autres genres («genre blurring»), ces dystopies deviennent des textes hybrides qui renouvellent la résistance propre au genre dystopique. Bien qu’elle ne se consacre pas uniquement à la science-fiction, Atwood, avec ce roman et avec le plus récent Oryx and Crake, demeure l’une des plus intéressantes écrivaines de dystopies.
2008
Histoire Transnationale de l'utopie littéraire et de l'utopisme
1013
1018
R. Baccolini (2008). The Handmaid's Tale. PARIS : Honoré Champion.
R. Baccolini
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