C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Docomomo International a accepté l’invitation de la Cité internationale à collaborer aux réflexions sur la réhabilitation de la fondation Avicenne. Cette invitation fournit une splendide occasion de présenter les travaux de plusieurs de nos membres sur des édifices métalliques et de mieux faire connaître en France les missions de notre organisation. Je tenterai de mettre en valeur dans cette rapide introduction historique plusieurs cas d’édifices métalliques qui ont fait l’objet d’étude ou de réhabilitations dans le cadre des actions menées par notre organisation depuis vingt ans. Lorsque Docomomo a été fondé aux Pays-Bas, en 1988, l’ambition première de l’organisation était de soutenir la création d’un noyau de spécialistes en protection architecturale pour répondre à des cas pratiques de réhabilitation d’édifices du mouvement moderne. L’époque et le lieu étaient propices à ce type d’initiative. Plusieurs bâtiments iconiques dont ceux du Bauhaus à Dessau de Walter Gropius, de l’école maternelle de Giuseppe Terragni à Côme, du Weissenhofsiedlung de Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Le Corbusier, Bruno Taut et Hans Scharoun entre autres, à Stuttgart, venaient de faire l’objet de réhabilitations soignées. D’autres édifices modernes en déshérence, tel le sanatorium de Zonnestraal de Johannes Duiker à Hilversum aux Pays-Bas, suscitaient une prise de conscience patrimoniale nationale jusqu’alors inégalée. Le mouvement moderne, non pas compris comme un style, a été volontairement défini comme un « esprit nouveau » propre au vingtième siècle, grâce auquel l’architecture, l’urbanisme et l’art paysager ont vécu une période de rayonnement fertile et enivrante. Les larges structures métalliques, telles les gares, les usines et les ouvrages d’art, participent pleinement de cet esprit nouveau porté par la Révolution industrielle. Certaines structures innovantes, telle la première structure hyperboloïde construite en acier : la tour de transmission radiophonique Moscou de Vladimir Shukhov érigée en 1922, ont fait l’objet de recherche et de publication par Docomomo (Docomomo Journal 26, décembre 2001). Si cette interprétation libre a permis d’englober les multiples expressions du mouvement moderne, elle a également révélé la complexité de sa définition et, par extension, de l’adoption d’une politique coordonnée de protection et de sauvegarde à l’échelle internationale. Pour la grande majorité du patrimoine du vingtième siècle, les critères patrimoniaux classiques d’unicité, d’authenticité et de valeur historique des œuvres architecturales ne sont pas transposables. Dans un siècle où la production architecturale est essentiellement une production de masse, tout ne doit pas être conservé. De plus, la perception du patrimoine du « passé récent » brouille également les paramètres de sélection patrimoniale. Comme l’a récemment écrit Richard Longstreth dans un article intitulé « Je n’arrive pas à le voir, je ne le comprends pas, je ne le trouve pas vieux » (Preserving the Recent Past, Washington, 1995), l’architecture du mouvement moderne n’apparaît pas comme étant assez « historique » pour être considérée selon une optique patrimoniale. Il est difficile, trente ans après la construction d’un bâtiment, de l’envisager comme un objet de valeur du passé.
M. Casciato (2008). Docomomo international et les architectures de métal. PARIGI : l’œil d’or.
Docomomo international et les architectures de métal
CASCIATO, MARISTELLA
2008
Abstract
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que Docomomo International a accepté l’invitation de la Cité internationale à collaborer aux réflexions sur la réhabilitation de la fondation Avicenne. Cette invitation fournit une splendide occasion de présenter les travaux de plusieurs de nos membres sur des édifices métalliques et de mieux faire connaître en France les missions de notre organisation. Je tenterai de mettre en valeur dans cette rapide introduction historique plusieurs cas d’édifices métalliques qui ont fait l’objet d’étude ou de réhabilitations dans le cadre des actions menées par notre organisation depuis vingt ans. Lorsque Docomomo a été fondé aux Pays-Bas, en 1988, l’ambition première de l’organisation était de soutenir la création d’un noyau de spécialistes en protection architecturale pour répondre à des cas pratiques de réhabilitation d’édifices du mouvement moderne. L’époque et le lieu étaient propices à ce type d’initiative. Plusieurs bâtiments iconiques dont ceux du Bauhaus à Dessau de Walter Gropius, de l’école maternelle de Giuseppe Terragni à Côme, du Weissenhofsiedlung de Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Le Corbusier, Bruno Taut et Hans Scharoun entre autres, à Stuttgart, venaient de faire l’objet de réhabilitations soignées. D’autres édifices modernes en déshérence, tel le sanatorium de Zonnestraal de Johannes Duiker à Hilversum aux Pays-Bas, suscitaient une prise de conscience patrimoniale nationale jusqu’alors inégalée. Le mouvement moderne, non pas compris comme un style, a été volontairement défini comme un « esprit nouveau » propre au vingtième siècle, grâce auquel l’architecture, l’urbanisme et l’art paysager ont vécu une période de rayonnement fertile et enivrante. Les larges structures métalliques, telles les gares, les usines et les ouvrages d’art, participent pleinement de cet esprit nouveau porté par la Révolution industrielle. Certaines structures innovantes, telle la première structure hyperboloïde construite en acier : la tour de transmission radiophonique Moscou de Vladimir Shukhov érigée en 1922, ont fait l’objet de recherche et de publication par Docomomo (Docomomo Journal 26, décembre 2001). Si cette interprétation libre a permis d’englober les multiples expressions du mouvement moderne, elle a également révélé la complexité de sa définition et, par extension, de l’adoption d’une politique coordonnée de protection et de sauvegarde à l’échelle internationale. Pour la grande majorité du patrimoine du vingtième siècle, les critères patrimoniaux classiques d’unicité, d’authenticité et de valeur historique des œuvres architecturales ne sont pas transposables. Dans un siècle où la production architecturale est essentiellement une production de masse, tout ne doit pas être conservé. De plus, la perception du patrimoine du « passé récent » brouille également les paramètres de sélection patrimoniale. Comme l’a récemment écrit Richard Longstreth dans un article intitulé « Je n’arrive pas à le voir, je ne le comprends pas, je ne le trouve pas vieux » (Preserving the Recent Past, Washington, 1995), l’architecture du mouvement moderne n’apparaît pas comme étant assez « historique » pour être considérée selon une optique patrimoniale. Il est difficile, trente ans après la construction d’un bâtiment, de l’envisager comme un objet de valeur du passé.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.