Le mot “réforme”, qui échappe au domaine religieux et s’applique aussi aux domaines social et politique, fait l’objet, dans l’Inde colonisée du XIXe siècle, de discussions très vivantes et importantes, le plus souvent en langue anglaise. Ces discussions portent sur les rapports possibles entre réforme religieuse d’une part, et réformes sociales et politiques de l’autre. C’est un véritable débat qui est ouvert par les élites intellectuelles urbanisées et qui donne naissance à un discours métareligieux très riche et sophistiqué. Ce qu'on appelle "hindouisme moderne" est le fruit de ce processus, aboutissant à l'universalisation du "dharma", à la remise en question du paradigme de la réforme et au passage à un paradigme "faible" de la réforme. Au-delà de toute dispute sur la prétendue synonymie entre modernisation et occidentalisation, il nous suffit d’une analyse un peu plus nuancée pour montrer que la prise de distance du paradigme européen, la «provincialisation de l’Europe » comme on l’a dit, n’est pas une exigence récente, mais remonte justement aux intellectuels néo-hindous du 19ème siècle. Le discours méta-religieux dans l’Inde colonisée s’est croisé en effet de façon très caractéristique avec le problème de la légitimité de la représentation de la civilisation indienne et de son auto-représentation. Mais le passage du paradigme forte de la réforme au paradigme faible qui aboutit dans le discours méta-religieux de l’Hindouisme moderne, n’a pas signifié l’oubli des instances réformatrices et des idéaux d’égalité et d’émancipation qui se rattachaient, entre autre, aux Lumières européennes.
Marchignoli S. (2007). Paradigme de la réforme et discours méta-religieux dans l'hindouisme moderne. BERLIN : LIT Verlag.
Paradigme de la réforme et discours méta-religieux dans l'hindouisme moderne
MARCHIGNOLI, SAVERIO
2007
Abstract
Le mot “réforme”, qui échappe au domaine religieux et s’applique aussi aux domaines social et politique, fait l’objet, dans l’Inde colonisée du XIXe siècle, de discussions très vivantes et importantes, le plus souvent en langue anglaise. Ces discussions portent sur les rapports possibles entre réforme religieuse d’une part, et réformes sociales et politiques de l’autre. C’est un véritable débat qui est ouvert par les élites intellectuelles urbanisées et qui donne naissance à un discours métareligieux très riche et sophistiqué. Ce qu'on appelle "hindouisme moderne" est le fruit de ce processus, aboutissant à l'universalisation du "dharma", à la remise en question du paradigme de la réforme et au passage à un paradigme "faible" de la réforme. Au-delà de toute dispute sur la prétendue synonymie entre modernisation et occidentalisation, il nous suffit d’une analyse un peu plus nuancée pour montrer que la prise de distance du paradigme européen, la «provincialisation de l’Europe » comme on l’a dit, n’est pas une exigence récente, mais remonte justement aux intellectuels néo-hindous du 19ème siècle. Le discours méta-religieux dans l’Inde colonisée s’est croisé en effet de façon très caractéristique avec le problème de la légitimité de la représentation de la civilisation indienne et de son auto-représentation. Mais le passage du paradigme forte de la réforme au paradigme faible qui aboutit dans le discours méta-religieux de l’Hindouisme moderne, n’a pas signifié l’oubli des instances réformatrices et des idéaux d’égalité et d’émancipation qui se rattachaient, entre autre, aux Lumières européennes.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.