Avec la création de l’état italien, on assiste à l’instìtutionnalisation de l’enseignement linguistique et à la naissance de la figure moderne de l’enseignant de langue. Confié auparavant à des maîtres de langue souvent étrangers, l’enseignement des langues modernes est à partir de cette époque organisé par l’état grâce à l’apport des nationaux. On crée des brevets destinés à certifier des compétences, mais on oublie de créer aussi des parcours de formation. L’école est organisée selon des critères élitistes qui tout en réservant une place d’honneur aux langues classiques (latin et grec), délaisse l’étude des langues modernes la réservant aux instituts techniques et aux écoles professionnelles féminines (Mandich 2005). La femme pendant très longtemps et jusqu’au début du XXe siècle n’aura qu’un rôle assez secondaire dans l’école : en tant qu’élève elle ne sera que très rarement admise à fréquenter le lycée, et en tant qu’enseignant elle ne pourra faire cours que dans des classes de filles. Mais les filles n’accèdent pas aux lycées ni aux études supérieures. Donc aucune possibilité pour elle, pendant très longtemps, de devenir professeur diplômé. Mais pendant ses études, même si brèves, elle aura toujours l’occasion d’apprendre le français. Aucune autre langue, puisque les deux autres langues enseignées dans les instituts techniques, l’anglais et le français, sont réservées aux classes de garçons. Cela fait donc que la femme de n’importe quelle condition devient en quelque sorte la dépositaire d’un savoir linguistique non utilitaire, qu’elle peut étaler dans les salons, ou cultiver pour son plaisir personnel (Pellandra 2005) ou encore garder inutilisé avec d’autres connaissances que l’école lui a transmises en attendant un futur radieux… Quelques années plus tard, au moment où l’on crée des études universitaires destinées à préparer à la carrière de professeurs de langues, la femme, hélas, est encore bien loin… Mais elle va rattraper le temps perdu…
A.M.Mandich (2008). Education à la Modernité: les femmes et l'enseignement/apprentissage des langues étrangères. PARIGI : Editions des Archives contemporaines.
Education à la Modernité: les femmes et l'enseignement/apprentissage des langues étrangères
MANDICH, ANNA MARIA
2008
Abstract
Avec la création de l’état italien, on assiste à l’instìtutionnalisation de l’enseignement linguistique et à la naissance de la figure moderne de l’enseignant de langue. Confié auparavant à des maîtres de langue souvent étrangers, l’enseignement des langues modernes est à partir de cette époque organisé par l’état grâce à l’apport des nationaux. On crée des brevets destinés à certifier des compétences, mais on oublie de créer aussi des parcours de formation. L’école est organisée selon des critères élitistes qui tout en réservant une place d’honneur aux langues classiques (latin et grec), délaisse l’étude des langues modernes la réservant aux instituts techniques et aux écoles professionnelles féminines (Mandich 2005). La femme pendant très longtemps et jusqu’au début du XXe siècle n’aura qu’un rôle assez secondaire dans l’école : en tant qu’élève elle ne sera que très rarement admise à fréquenter le lycée, et en tant qu’enseignant elle ne pourra faire cours que dans des classes de filles. Mais les filles n’accèdent pas aux lycées ni aux études supérieures. Donc aucune possibilité pour elle, pendant très longtemps, de devenir professeur diplômé. Mais pendant ses études, même si brèves, elle aura toujours l’occasion d’apprendre le français. Aucune autre langue, puisque les deux autres langues enseignées dans les instituts techniques, l’anglais et le français, sont réservées aux classes de garçons. Cela fait donc que la femme de n’importe quelle condition devient en quelque sorte la dépositaire d’un savoir linguistique non utilitaire, qu’elle peut étaler dans les salons, ou cultiver pour son plaisir personnel (Pellandra 2005) ou encore garder inutilisé avec d’autres connaissances que l’école lui a transmises en attendant un futur radieux… Quelques années plus tard, au moment où l’on crée des études universitaires destinées à préparer à la carrière de professeurs de langues, la femme, hélas, est encore bien loin… Mais elle va rattraper le temps perdu…I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.