Les témoignages offerts par la poésie d’Alcée et Sappho, éclaircis par la situation athénienne, peuvent montrer quel type de relation les communautés ‘familiales’ et hétériques avaient avec les institutions de la polis : le rapprochement entre Lesbos et Athènes se justifie par le fait que ces entités ont connu une organisation sociale et un histoire comparable. Pour ce qui concerne Athènes, l’hétérie a été une des protagonistes des luttes politiques depuis l’affaire de Cylon jusqu’aux réformes de Clisthène, et même après. Comme la poésie d’Alcée le montre, un rôle identique a aussi été joué par l’hétérie à Lesbos de la chute de Penthilides au gouvernement de Pittacos. En ce qui concerne la structure de cette formation sociale, l’analyse du fr. 112 V. d’Alcée – mis en rapport avec le v. 18 du fr. 129 V. et le témoignage de Strabon (XIII 2,3) – permet de croire qu’il y avait une relation étroite entre une famille aristocratique et une communauté de compagnons : le poète, en effet, peut indifféremment identifier une hétérie rivale avec le nom de son chef ou celui d’une famille, à savoir Myrsilos ou les Cléanactides. Il est remarquable que cette situation se retrouve chez Sappho, donc dans le côté féminin de la société lesbienne. Dans le fr. 71 V., en effet, la poétesse identifie une communauté féminine rivale comme constituée par les femmes des Penthilides et, dans le fr. 98 V., elle paraît révéler ses liens avec les Cléanactides. Quand on met en rapport ces données avec la situation athénienne, on peut arriver à postuler que les hétéries des hommes et les groupes du type saphique – structurés autour des rapports de xenia et de parenté réelle ou potentielle – étaient peut-être le moyen avec lequel les grandes familles aristocratiques intervenaient dans le domaine du politique ou participaient aux célébrations prévues par le calendrier festif de leurs cités.
Caciagli, S. (2016). Lesbos et Athènes entre πόλις et οἰκία. Paris : Diffusion De Boccard.
Lesbos et Athènes entre πόλις et οἰκία
CACIAGLI, STEFANO
2016
Abstract
Les témoignages offerts par la poésie d’Alcée et Sappho, éclaircis par la situation athénienne, peuvent montrer quel type de relation les communautés ‘familiales’ et hétériques avaient avec les institutions de la polis : le rapprochement entre Lesbos et Athènes se justifie par le fait que ces entités ont connu une organisation sociale et un histoire comparable. Pour ce qui concerne Athènes, l’hétérie a été une des protagonistes des luttes politiques depuis l’affaire de Cylon jusqu’aux réformes de Clisthène, et même après. Comme la poésie d’Alcée le montre, un rôle identique a aussi été joué par l’hétérie à Lesbos de la chute de Penthilides au gouvernement de Pittacos. En ce qui concerne la structure de cette formation sociale, l’analyse du fr. 112 V. d’Alcée – mis en rapport avec le v. 18 du fr. 129 V. et le témoignage de Strabon (XIII 2,3) – permet de croire qu’il y avait une relation étroite entre une famille aristocratique et une communauté de compagnons : le poète, en effet, peut indifféremment identifier une hétérie rivale avec le nom de son chef ou celui d’une famille, à savoir Myrsilos ou les Cléanactides. Il est remarquable que cette situation se retrouve chez Sappho, donc dans le côté féminin de la société lesbienne. Dans le fr. 71 V., en effet, la poétesse identifie une communauté féminine rivale comme constituée par les femmes des Penthilides et, dans le fr. 98 V., elle paraît révéler ses liens avec les Cléanactides. Quand on met en rapport ces données avec la situation athénienne, on peut arriver à postuler que les hétéries des hommes et les groupes du type saphique – structurés autour des rapports de xenia et de parenté réelle ou potentielle – étaient peut-être le moyen avec lequel les grandes familles aristocratiques intervenaient dans le domaine du politique ou participaient aux célébrations prévues par le calendrier festif de leurs cités.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.