Véritable carrefour entre Maghreb et Machreq, Alexandrie joua un rôle majeur dans l’essor du soufisme (mystique musulmane) dans l’Égypte médiévale. Au XIIIe siècle, elle vit même l’éclosion du soufisme philosophique du cheikh andalou «néoplatonicien» Ibn Sab‘în (m. entre 1269 et 1271), surtout grâce à son plus célèbre disciple, le poète mystique al-Shushtarî (m. 1269) Encore au début du XIVe siècle, la Sab‘îniyya aurait été une présence sensible à Alexandrie: « Le démon y a installé son nid et y a fait des petits, en dévoyant les groupes des sab‘îniens et des ‘arabiens » , se plaignait le juriste ḥanbalite Ibn Taymiyya, champion d’un islam « rigoriste », qui accusait de dérive moniste l’école d’Ibn Sabʿîn aussi bien que celle d’Ibn ʿArabî. Au cours du même siècle, la Sabʿîniyya comme force organisée paraît s’effacer du paysage spirituel alexandrin (peut-être absorbée par la voie « orthodoxe » de la Shâdhiliyya ?), tout en se développant dans d’autres centres du domaine mamluk (Le Caire, Damas). La relation entre le plus « hellénisant » des courants soufis et la plus « hellénistique » des villes égyptiennes, fait l’objet principal de cet article. En même temps une question doctrinale majeure est abordée : une tentative de reconsidération de la célèbre et controversée liste des « esclaves » de l’amour divin, allant de Platon jusqu’à Ibn Sabʿîn, qui apparaît dans un poème de Shushtarî et qu’on a traditionnellement interprétée, à notre avis erronément, comme l’isnād de la Sabʿîniyya.

Des soufis sur les épaules des philosophes? Le « nid » d’Ibn Sab'în à Alexandrie (XIIIe-XIVe siècles)

CECERE, GIUSEPPE
2014

Abstract

Véritable carrefour entre Maghreb et Machreq, Alexandrie joua un rôle majeur dans l’essor du soufisme (mystique musulmane) dans l’Égypte médiévale. Au XIIIe siècle, elle vit même l’éclosion du soufisme philosophique du cheikh andalou «néoplatonicien» Ibn Sab‘în (m. entre 1269 et 1271), surtout grâce à son plus célèbre disciple, le poète mystique al-Shushtarî (m. 1269) Encore au début du XIVe siècle, la Sab‘îniyya aurait été une présence sensible à Alexandrie: « Le démon y a installé son nid et y a fait des petits, en dévoyant les groupes des sab‘îniens et des ‘arabiens » , se plaignait le juriste ḥanbalite Ibn Taymiyya, champion d’un islam « rigoriste », qui accusait de dérive moniste l’école d’Ibn Sabʿîn aussi bien que celle d’Ibn ʿArabî. Au cours du même siècle, la Sabʿîniyya comme force organisée paraît s’effacer du paysage spirituel alexandrin (peut-être absorbée par la voie « orthodoxe » de la Shâdhiliyya ?), tout en se développant dans d’autres centres du domaine mamluk (Le Caire, Damas). La relation entre le plus « hellénisant » des courants soufis et la plus « hellénistique » des villes égyptiennes, fait l’objet principal de cet article. En même temps une question doctrinale majeure est abordée : une tentative de reconsidération de la célèbre et controversée liste des « esclaves » de l’amour divin, allant de Platon jusqu’à Ibn Sabʿîn, qui apparaît dans un poème de Shushtarî et qu’on a traditionnellement interprétée, à notre avis erronément, comme l’isnād de la Sabʿîniyya.
2014
Alexandrie La Divine
854
859
Giuseppe Cecere
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11585/397581
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