En sciences de gestion, le concept d'organisation est fondamental pour étudier une entreprise soit sous un angle « photographique » par des méthodes transversales, soit sous un angle dynamique par des approches longitudinales. Porter notre attention sur l'organisation nous conduit à réfléchir au lien particulier entre la stratégie et les structures, au rôle prédéfini ou émergent des acteurs dans le processus décisionnel et aux mécanismes de coordination et de contrôle sous-jacent à l'action collective. Pour réaliser des travaux de recherche dans ces différents domaines, une partie de la théorie considère qu'il est important de définir les frontières de l'entreprise. A ce sujet, Williamson (1991), propose d'établir une distinction très nette entre une entreprise intégrée, le marché, et une situation intermédiaire qualifiée de forme hybride. Dans cet article, nous souhaitons introduire une réflexion sur ce point, en cherchant à savoir s'il est toujours pertinent d'utiliser une classification des entreprises par rapport à des idéaux types organisationnels qui demeurent en décalage avec la réalité économique. Ainsi, nous cherchons à savoir s'il est toujours possible de définir des frontières précises et très nettes pour parler d'une organisation, et donc s'il est utile d'opérer une distinction entre différentes formes d'entreprises. Dans cette perspective, nous sommes conduits à analyser la notion d'idéaux types organisationnels, ses représentations, sa portée et ses limites dans le champ des sciences de gestion. Dans la première partie de cet article, nous précisons la façon dont le concept d'organisation est abordé en sciences de gestion. Dans la seconde partie, nous soulignons les limites inhérentes à l'approche typologique, en précisant qu'une organisation est un objet de recherche particulièrement instable et mouvant. Ainsi de nombreux aspects de l'organisation échappent à l'observateur s'il cantonne son analyse à une grille statique de classification. Par exemple, les ajustements «clandestins», n'apparaissent pas dans les structures formelles ou officielles de la typologie. Ils résident pourtant dans l'inconscient collectif des acteurs, dans les règles tacites de fonctionnement ou dans les discours porteurs de sens (Weick, 2001 ). En conséquence, au lieu de considérer le design des organisations comme une réponse apportée aux coûts de transaction, nous étudions l'émergence de comportements, d'analyser des capacités d'action, et d'observer des processus d'ajustement avec l'environnement (Thompson, 1967). La structure de l'entreprise et l'efficacité du comportement résultent alors moins d'une capacité d'allocation optimale des ressources et des compétences que d'une capacité à faire évoluer les modes de coordination. Dans la troisième partie de l'article, nous avançons l'idée selon laquelle il est utile de dépasser une vision photographique de l'état d'une organisation, par une conception dynamique fondée sur le changement d'état. De ce fait, l'organisation s'observe, s'étudie et se comprend uniquement dans l'action collective qu'elle sous-tend. Cette réflexion nous conduit à définir une analyse organisationnelle qui intègre les composantes des différents idéaux-types, de façon complémentaire et non contradictoire. Nous proposons d'utiliser une grille de lecture fondée sur le principe d'enchevêtrement organisationnel (Baroncelli, Froehlicher 1997), en considérant que chaque entreprise est une combinaison spécifique de marché, de hiérarchie et de réseau.

Marché - Réseau – Hiérarchie. A la recherche de l'organisation idéale

BARONCELLI, ALESSANDRO;
2004

Abstract

En sciences de gestion, le concept d'organisation est fondamental pour étudier une entreprise soit sous un angle « photographique » par des méthodes transversales, soit sous un angle dynamique par des approches longitudinales. Porter notre attention sur l'organisation nous conduit à réfléchir au lien particulier entre la stratégie et les structures, au rôle prédéfini ou émergent des acteurs dans le processus décisionnel et aux mécanismes de coordination et de contrôle sous-jacent à l'action collective. Pour réaliser des travaux de recherche dans ces différents domaines, une partie de la théorie considère qu'il est important de définir les frontières de l'entreprise. A ce sujet, Williamson (1991), propose d'établir une distinction très nette entre une entreprise intégrée, le marché, et une situation intermédiaire qualifiée de forme hybride. Dans cet article, nous souhaitons introduire une réflexion sur ce point, en cherchant à savoir s'il est toujours pertinent d'utiliser une classification des entreprises par rapport à des idéaux types organisationnels qui demeurent en décalage avec la réalité économique. Ainsi, nous cherchons à savoir s'il est toujours possible de définir des frontières précises et très nettes pour parler d'une organisation, et donc s'il est utile d'opérer une distinction entre différentes formes d'entreprises. Dans cette perspective, nous sommes conduits à analyser la notion d'idéaux types organisationnels, ses représentations, sa portée et ses limites dans le champ des sciences de gestion. Dans la première partie de cet article, nous précisons la façon dont le concept d'organisation est abordé en sciences de gestion. Dans la seconde partie, nous soulignons les limites inhérentes à l'approche typologique, en précisant qu'une organisation est un objet de recherche particulièrement instable et mouvant. Ainsi de nombreux aspects de l'organisation échappent à l'observateur s'il cantonne son analyse à une grille statique de classification. Par exemple, les ajustements «clandestins», n'apparaissent pas dans les structures formelles ou officielles de la typologie. Ils résident pourtant dans l'inconscient collectif des acteurs, dans les règles tacites de fonctionnement ou dans les discours porteurs de sens (Weick, 2001 ). En conséquence, au lieu de considérer le design des organisations comme une réponse apportée aux coûts de transaction, nous étudions l'émergence de comportements, d'analyser des capacités d'action, et d'observer des processus d'ajustement avec l'environnement (Thompson, 1967). La structure de l'entreprise et l'efficacité du comportement résultent alors moins d'une capacité d'allocation optimale des ressources et des compétences que d'une capacité à faire évoluer les modes de coordination. Dans la troisième partie de l'article, nous avançons l'idée selon laquelle il est utile de dépasser une vision photographique de l'état d'une organisation, par une conception dynamique fondée sur le changement d'état. De ce fait, l'organisation s'observe, s'étudie et se comprend uniquement dans l'action collective qu'elle sous-tend. Cette réflexion nous conduit à définir une analyse organisationnelle qui intègre les composantes des différents idéaux-types, de façon complémentaire et non contradictoire. Nous proposons d'utiliser une grille de lecture fondée sur le principe d'enchevêtrement organisationnel (Baroncelli, Froehlicher 1997), en considérant que chaque entreprise est une combinaison spécifique de marché, de hiérarchie et de réseau.
2004
A. Baroncelli; C. Assens
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