Les nombreux épisodes qui racontent d’une utilisation erronée d’instruments financiers sophistiqués tels que les produits dérivés de la part de quelques Pays souverains et de quelques administrations locales du monde entier, à partir des plus grandes (Milan) jusqu’aux plus petites (Narvik, située au dessus du cercle polaire arctique), nous donnent une idée, avant même de l’extension et de la gravité du phénomène ‘dérivés’, de l’importance d’une communication précise entre spécialistes et usagers. Les conséquences désastreuses sur les bilans des mairies et par conséquent sur le bien-être des citoyens (la ville de Narvik a du éteindre l’illumination publique pour faire face aux obligations découlant du contrat de swap précédemment signé), nous poussent à réfléchir sur la différence entre terminologie spécialisée et réception du grand public, dans ce cas spécifique les administrations, qui ne peuvent certainement pas être classées parmi les investisseurs avertis. Si le niveau croissant de la sophistication financière est un fait acquis, on ne peut pas en dire autant de l’information financière, souvent caractérisée par une certaine asymétrie, et plus en général du niveau d’alphabétisation financière des citoyens. Dans la présente étude, nous analyserons deux exemples de cette illusoire transparence : les contrats CDS (credit-default-swap ou swap de défaut) et les contrats Futures. Dans les deux cas, la communication financière finit par reléguer en arrière plan la complexe dimension conceptuelle et les aspects techniques, offrant une perspective partielle qui finit par se répandre et s’imposer parmi les médias généralistes. Le premier indicateur, les CDS, normalement considérés comme des assurances contre le risque de défaut d’un pays émetteur, ne fonctionnent pas toujours comme des sonnettes d’alarme, au point que certains analystes mettent en doute leur capacité réelle de signaler un défaut. On se demande : chat ou canari ? Le cas des Futures est différent : ici, la vulgarisation financière et la communication des spécialistes semblent insister sur la nature prédictive de l’instrument en ce qui concerne l’ouverture positive ou négative des Bourses, oubliant qu’il s’agit d’un instrument spéculatif et qui remplit la fonction de protéger du risque. Dans les deux cas, la complexité dépasse la fantaisie et nous pousse à croire que peut-être la seule recommandation est celle d’éviter les distorsions et de revenir à l’utilisation primaire et à l’objectif original de l’instrument. Une chose est claire : comme le dit Frank Partnoy dans son livre F.I.A.S.C.O. des premières années 90, « les produits dérivés ne tuent pas les personnes. Ce sont les personnes qui tuent les personnes ».

L’illusoire transparence des indicateurs financiers à grande popularité: quand la fièvre des dérivés éteint l’éclairage à Narvik Les contrats de swap de défaut et futures sous la loupe de la communication spécialisée / D. Maldussi. - STAMPA. - (2012), pp. 71-84.

L’illusoire transparence des indicateurs financiers à grande popularité: quand la fièvre des dérivés éteint l’éclairage à Narvik Les contrats de swap de défaut et futures sous la loupe de la communication spécialisée

MALDUSSI, DANIO
2012

Abstract

Les nombreux épisodes qui racontent d’une utilisation erronée d’instruments financiers sophistiqués tels que les produits dérivés de la part de quelques Pays souverains et de quelques administrations locales du monde entier, à partir des plus grandes (Milan) jusqu’aux plus petites (Narvik, située au dessus du cercle polaire arctique), nous donnent une idée, avant même de l’extension et de la gravité du phénomène ‘dérivés’, de l’importance d’une communication précise entre spécialistes et usagers. Les conséquences désastreuses sur les bilans des mairies et par conséquent sur le bien-être des citoyens (la ville de Narvik a du éteindre l’illumination publique pour faire face aux obligations découlant du contrat de swap précédemment signé), nous poussent à réfléchir sur la différence entre terminologie spécialisée et réception du grand public, dans ce cas spécifique les administrations, qui ne peuvent certainement pas être classées parmi les investisseurs avertis. Si le niveau croissant de la sophistication financière est un fait acquis, on ne peut pas en dire autant de l’information financière, souvent caractérisée par une certaine asymétrie, et plus en général du niveau d’alphabétisation financière des citoyens. Dans la présente étude, nous analyserons deux exemples de cette illusoire transparence : les contrats CDS (credit-default-swap ou swap de défaut) et les contrats Futures. Dans les deux cas, la communication financière finit par reléguer en arrière plan la complexe dimension conceptuelle et les aspects techniques, offrant une perspective partielle qui finit par se répandre et s’imposer parmi les médias généralistes. Le premier indicateur, les CDS, normalement considérés comme des assurances contre le risque de défaut d’un pays émetteur, ne fonctionnent pas toujours comme des sonnettes d’alarme, au point que certains analystes mettent en doute leur capacité réelle de signaler un défaut. On se demande : chat ou canari ? Le cas des Futures est différent : ici, la vulgarisation financière et la communication des spécialistes semblent insister sur la nature prédictive de l’instrument en ce qui concerne l’ouverture positive ou négative des Bourses, oubliant qu’il s’agit d’un instrument spéculatif et qui remplit la fonction de protéger du risque. Dans les deux cas, la complexité dépasse la fantaisie et nous pousse à croire que peut-être la seule recommandation est celle d’éviter les distorsions et de revenir à l’utilisation primaire et à l’objectif original de l’instrument. Une chose est claire : comme le dit Frank Partnoy dans son livre F.I.A.S.C.O. des premières années 90, « les produits dérivés ne tuent pas les personnes. Ce sont les personnes qui tuent les personnes ».
2012
Terminologie: textes, discours et accès aux savoirs spécialisés
71
84
L’illusoire transparence des indicateurs financiers à grande popularité: quand la fièvre des dérivés éteint l’éclairage à Narvik Les contrats de swap de défaut et futures sous la loupe de la communication spécialisée / D. Maldussi. - STAMPA. - (2012), pp. 71-84.
D. Maldussi
File in questo prodotto:
Eventuali allegati, non sono esposti

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11585/123437
 Attenzione

Attenzione! I dati visualizzati non sono stati sottoposti a validazione da parte dell'ateneo

Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact