Nous basant sur les contributions les plus récentes de juristes, linguistes et traductologues en matière de traduction juridique (la nécessité d’une confrontation interdisciplinaire parmi ces figures est récente, mais désormais partagée et opérationnelle), nous nous focaliserons sur le procédé de l’emprunt – qui, avec le calque, les néologismes, la paraphrase et l’équivalence fonctionnelle, fait partie de la palette des outils du traducteur – dans le contexte juridique italien. Notre analyse se focalisera sur l’emprunt direct en tant que phénomène issu de l’interférence linguistique et en tant que procédé de traduction. En particulier, notre réflexion trouve son origine dans la constatation de l’absence d’études exhaustives spécifiquement consacrées à l’emprunt en tant que procédé de traduction à part entière. Nous nous pencherons, sans aucune finalité prescriptive, sur ses conditions d’utilisation, sur son efficacité et sur les différentes évaluations qu’en donnent les linguistes et les traducteurs d’un côté et les juristes de l’autre. Nous étudierons en particulier la perception de ce procédé dans le domaine juridique en examinant le parcours qui conduit à opter pour l’emprunt, nous appuyant pour cela sur les dires de juristes et d’experts du discours juridique. Nous laisserons de côté la spécificité du différent traitement de l’emprunt en langue française ou des transformations auxquelles il est soumis (transcription, adaptation, etc.), préférant nous concentrer ici sur les motivations qui précèdent (et justifient, au dire des experts du domaine juridique) l’adoption du procédé de l’emprunt en traduction. Nous verrons que l’emprunt en traduction juridique peut constituer un choix délibéré de « non traduction », selon la définition établie auprès des juristes italiens. La perspective de fond est celle de la traductologie fonctionnaliste qu’un nombre croissant de spécialistes italiens et étrangers, tous insérés dans la bibliographie qui conclut l’article, considèrent la plus appropriée. Notre stratégie, de type ascendant, nous permettra d’analyser le procédé de l’emprunt à la lumière des deux fonctions communément reconnues à la traduction juridique - la « traduction instrument » avec valeur juridique et la « traduction document » avec valeur d’information ou de service. Sur fond du débat épineux si l’on traduit des termes ou des concepts, nous étudierons l’emprunt dans deux dimensions: la première qui considère l’emprunt comme l’ultime possibilité, le degré zéro de la traduction, « trahissant une lacune, généralement une lacune métalinguistique », à laquelle le traducteur recourt “volontairement pour créer un effet stylistique”, d’après la conception de Vinay et Darbelnet ; la deuxième, de type proactif, où l’emprunt devient instrument de contraste aux altérations de sens au niveau référentiel, comme c’est le cas dans la traduction juridique multilingue (laquelle en raison de la mondialisation finit par embrasser également des droits étrangers lointains) – et parfois choix conscient de la part du législateur italien lorsqu’il emprunte un institut juridique à un système juridique autre.

Le procédé de l’emprunt dans le domaine juridique: la quête d’un nouveau souffle / D. Maldussi. - STAMPA. - (2011), pp. 339-358.

Le procédé de l’emprunt dans le domaine juridique: la quête d’un nouveau souffle

MALDUSSI, DANIO
2011

Abstract

Nous basant sur les contributions les plus récentes de juristes, linguistes et traductologues en matière de traduction juridique (la nécessité d’une confrontation interdisciplinaire parmi ces figures est récente, mais désormais partagée et opérationnelle), nous nous focaliserons sur le procédé de l’emprunt – qui, avec le calque, les néologismes, la paraphrase et l’équivalence fonctionnelle, fait partie de la palette des outils du traducteur – dans le contexte juridique italien. Notre analyse se focalisera sur l’emprunt direct en tant que phénomène issu de l’interférence linguistique et en tant que procédé de traduction. En particulier, notre réflexion trouve son origine dans la constatation de l’absence d’études exhaustives spécifiquement consacrées à l’emprunt en tant que procédé de traduction à part entière. Nous nous pencherons, sans aucune finalité prescriptive, sur ses conditions d’utilisation, sur son efficacité et sur les différentes évaluations qu’en donnent les linguistes et les traducteurs d’un côté et les juristes de l’autre. Nous étudierons en particulier la perception de ce procédé dans le domaine juridique en examinant le parcours qui conduit à opter pour l’emprunt, nous appuyant pour cela sur les dires de juristes et d’experts du discours juridique. Nous laisserons de côté la spécificité du différent traitement de l’emprunt en langue française ou des transformations auxquelles il est soumis (transcription, adaptation, etc.), préférant nous concentrer ici sur les motivations qui précèdent (et justifient, au dire des experts du domaine juridique) l’adoption du procédé de l’emprunt en traduction. Nous verrons que l’emprunt en traduction juridique peut constituer un choix délibéré de « non traduction », selon la définition établie auprès des juristes italiens. La perspective de fond est celle de la traductologie fonctionnaliste qu’un nombre croissant de spécialistes italiens et étrangers, tous insérés dans la bibliographie qui conclut l’article, considèrent la plus appropriée. Notre stratégie, de type ascendant, nous permettra d’analyser le procédé de l’emprunt à la lumière des deux fonctions communément reconnues à la traduction juridique - la « traduction instrument » avec valeur juridique et la « traduction document » avec valeur d’information ou de service. Sur fond du débat épineux si l’on traduit des termes ou des concepts, nous étudierons l’emprunt dans deux dimensions: la première qui considère l’emprunt comme l’ultime possibilité, le degré zéro de la traduction, « trahissant une lacune, généralement une lacune métalinguistique », à laquelle le traducteur recourt “volontairement pour créer un effet stylistique”, d’après la conception de Vinay et Darbelnet ; la deuxième, de type proactif, où l’emprunt devient instrument de contraste aux altérations de sens au niveau référentiel, comme c’est le cas dans la traduction juridique multilingue (laquelle en raison de la mondialisation finit par embrasser également des droits étrangers lointains) – et parfois choix conscient de la part du législateur italien lorsqu’il emprunte un institut juridique à un système juridique autre.
2011
Traduire les savoirs
339
358
Le procédé de l’emprunt dans le domaine juridique: la quête d’un nouveau souffle / D. Maldussi. - STAMPA. - (2011), pp. 339-358.
D. Maldussi
File in questo prodotto:
Eventuali allegati, non sono esposti

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11585/118883
 Attenzione

Attenzione! I dati visualizzati non sono stati sottoposti a validazione da parte dell'ateneo

Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact